Depuis notre premier numéro, nous vantons les mérites de la scène musicale DIY grecque, dans les esthétiques rap, punk et metal. Si la majorité des activistes de ce milieu musical sortent assez peu du pays, certain.e.s cravachent dur, multiplient les contacts et parviennent finalement à jouer en live au delà de leurs frontières… Parfois même dans d’autres continents !
C’est le cas du groupe d’Athènes Youth Crusher (fast hardcore / punk), architecte de ses propres tournées aux quatre coins des États-Unis.
Par Polka.B | Traductions : Nino Futur
Salut! Pouvez-vous faire une brève présentation du groupe?
Le groupe se compose de: Markelllos à la batterie , Vassilis à la guitare , Mpakaliaros à la basse , Patroklos au micro . Nous faisons du hardcore chanté en grec avec des paroles sarcastiques sur la situation politique. Nous sortons nos albums en DIY via notre label Youth Garden.
Vous habitez Athènes. Pouvez-vous décrire le quotidien d’un jeune punk dans une ville pareille ?
Athènes est une ville surpeuplée avec tous les aspects positifs et négatifs que cela peut engendrer. Elle peut être glauque, ennuyeuse ou parfois inhospitalière mais dans un sens, elle vous force vraiment à faire les choses en tant que jeune punk.
Nous avons tous la quarantaine passée donc je suppose que nous ne sommes plus si jeunes ahah. Nous avons toujours le même état d’esprit : nous aimons le hardcore, le DIY, les concerts, s’amuser et rencontrer du monde.
Quelles sont les particularités de la scène DIY Grecque ?
La scène DIY Athénienne semble bien plus politisée que n’importe où ailleurs en Europe. Les concerts se font presque uniquement en squats /espaces autonomes. Tous les concerts se font à prix libre pour que tout le monde puisse y participer et supporter la cause pour lesquels ils ont lieu : les concerts de soutien pour les prisonniers anarchistes sont très récurrents.
Quelles sont vos influences principales, les artistes vous ayant motivé à vous lancer?
La scène Grecque 90’s avec des groupes comme Nautia, Xaotiko Telos Adieksodo .
Mais également du hardcore et du grind d’un peu partout dans le monde.
Cela semble important pour vous de jouer à l’étranger. Comment avez-vous eu tous ces contacts hors de Grèce ?
Nous aimons tourner hors de nos zones de confort. Nous avons nos contacts via e-mail ou par le bouche à oreille de la scène, nous organisons tout 6/7 mois à l’avance. Les gens sont suffisamment cool pour répondre aux e-mails ou à nos demandes de lieux. Tout planifier en amont est la partie la plus importante du travail. C’était la même chose pour les U.S.A. Nous avons fait un « East coast tour » en 2018, nous avions donc déjà quelques contacts et nous nous en sommes faits de nouveaux. Tout un nouveau réseau de personnes.
Quelles sont les particularités d’une tournée U.S en tant que groupe DIY ?
Les concerts se font avec tout ce qu’il y a sous la main. Maisons/ disquaires /squats / librairies / centre de jeunesse etc. Étonnamment les gens sont plutôt amicaux. Suffisamment pour te laisser dormir chez eux. Le punk est très développé aux US.
Qu’est ce qui vous a le plus surpris aux US en tant que groupe en tournée et pourquoi ?
L’aide et la bienveillance des locaux qui était suffisamment notable pour nous motiver à continuer.
Quelles sont vos pires souvenirs ?
Le van de location !
Et les multiples problèmes de porte et de moteur. Qui nous ont coincé pour 2 jours et nous ont fait conduire en plein -18 hivernal.
Les meilleurs ?
Toute l’expérience globalement. Nous avons joué dans des lieux que nous n’aurons jamais imaginé. Le concert dans le New Jersey avec la plupart de nos amis. Minneapolis (Discgraceland), Milwaukee était top aussi. Des gens nous ont laissé toute une partie de leur maison pour dormir rendant l’expérience bien plus agréable.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Nous avons prévu de sortir notre premier album pour 2024. 10-15 tracks.
On nous a également fait une proposition pour un split.
Quelques concerts en Grèce cette automne et espérons-le une tournée en Europe…
Pour finir cette interview, on vous laisse carte blanche pour discuter d’un sujet de votre choix !
La musique, les concerts, les tournées, nos connexions, et notre osmose avec le public seront toujours nos énergies motrices. Malheureusement la vie n’est pas seulement faite d’aspirations.
Pas seulement en tant que musicien , mais aussi en travailleurs de la société répressive Grecque, nous aimerions dire quelques mots à propos de notre pays, son statut politique actuel et la situation y régnant depuis plus de 10 ans.
Nous vivons en co-dépendance avec d’autres pays, qui succombent sous la force des US et de L’UE.
Toutes les îles Grecques possèdent une base de l’OTAN, malgré le sentiment très anti-impérialiste de la population, leur volonté de rompre les liens et d’être indépendants des syndicats et des militaires occidentaux.
Ce ne serait pas exagérer que de dire que depuis plusieurs décennies maintenant, les gens à la tête du pays ne se préoccupent que peu du peuple ainsi que de leur avenir. Nos « fondations », la production du pays, les richesses produites ont diminué au fil des ans sous la dette Allemande et la soumission aux banques Européennes ainsi qu’au FMI, pour finalement se vendre aux grandes forces internationales sous prétexte de banqueroute.
Les premiers impacts directs de cette situation se traduisent par un manque considérable de moyens pour les pompiers, un manque d’équipement pour les avions anti-incendie.
Cette année, deux jeunes pompiers sont morts alors qu’ils tentaient d’apaiser les feux sur Avia avec un avion vieux de plus de 50 ans.
Seulement la police Grecque a accès à tout le matériel souhaité, tous les moyens technologiques de répression et de contrôle des pauvres dans leur mains.
La profonde crise économique d’un système capitaliste barbare au niveau international, nous a montré suite à la guerre en Ukraine une belle démonstration d’appauvrissement des plus démunis en Europe.
En Grèce : l’inflation, la saisie de biens par les banques et les fonds internationaux, des coupures d’électricité, des migrants noyés, des assassinats gouvernementaux (comme celui de Tempi), la vente de biens publics, la nature en feu…
Voici ce que notre pays traverse depuis la sociale-démocratie (Syriza,Pasok), mais également du néo-libéralisme mais aussi de l’extrême droite maintenant au gouvernement avec le Nea Dimokratia.
A l’intérieur de ce fascisme social et politique, des personnalités nauséabondes continuent d’éclore jusqu’au parlement. On peut citer Kasidiaris, un assassin néo-nazi du parti ‘Aube Dorée’, qui a récemment annoncé depuis la prison vouloir se présenter aux prochaines élections municipales d’Athènes.