SHOOTING DAGGERS – ATHAMES (EP – 2022)

SHOOTING DAGGERS – ATHAMES (EP- 2022)

-New Heavy Sound-

Dans la tradition ésotérique, l’athamé est une dague sacrée. Chargée à la fois de la force des éléments d’air et de feu , elle est essentiellement utilisée au cours de rites païens tels que ceux de la religion de wicca, et est associée au point cardinal est sur la délimitation du cercle magique.
| Par Nino Futur

Autant dire qu’avec une symbolique autant à coucher dehors en guise de nom d’EP, on peut très vite prendre peur ou commencer à se demander quel genre de rock occulte à tendance pattes d’eph’ ces Shooting Daggers vont nous dérouler.
Que nenni ! Frontale, sociale et foncièrement urbaine, la musique dans laquelle s’adonne le trio penche d’avantage du côté punk hardcore de l’échiquier et ne semble pas porter plus que ça grand intérêt dans l’occultisme.

Formé en 2019 à Londres, Shooting Daggers est un trio revendiqué d’obédience Queercore (branche LGBTQI+/Queer de la scène punk hardcore, désireuse de se détacher de la caution « gros bras » de ce dernier).

Pur produit de la « ville monde », le groupe ne compte aucune anglaise de naissance en ses rangs mais plutôt une effusion d’origines Françaises, Italiennes et Espagnoles.

Après une première démo datant de 2019 (véritable condensé d’efficacité), et quelques singles, le groupe a suivi son chemin enchaînant de nombreuses dates à Londres et Angleterre entre clubs et festivals punk.

C’est en 2021 après une signature sur label à tendance metal/stoner New Heavy Sounds, que le groupe passe un cap de plus pour la sortie de ce fameux Athames. Dès le très expéditif « No exit » officiant d’intro on cerne directement ce qui nous attend pour le quart d’heure à suivre.

Du riff, des plans hardcore punk à l’ancienne, mais avant tout un bon glaviot de hargne féministe au fond de la gorge prêt à être craché à toute opportunité à la gueule des phallocrates et autres « liars » de passage.

Le groupe utilise principalement sa musique pour porter voix à un féminisme inclusif et met même en musique des concepts assez précis « Manic Pixie Dream Girl » (internetez, vous comprendrez).

Muni d’une production relativement simple mais suffisante pour se démarquer, l’EP sonne entre le clean et le “NWOBHC” (New wave of British Hardcore pour les ignares, un truc qu’ont les British en ce moment, de repenser les productions punk 80’s en dépit des moyens studios actuels), et les influences évidentes de groupes comme GEL, Törso, Gloss se ressentent avec grand plaisir dans les construction de riffs.  Très punk dans l’approche générale («You Can’t Kill Us » ; « Manic Pixie... ») voire crust (« Carnage »), L’EP fait part belle à l’énergie brut de riff efficaces, et aux accélérations- martèlements rythmiques soudains, pouvant évoquer Candy.

Mais là où les Shooting Daggers se démarquent, c’est lorsqu’elles parviennent à insérer une part de « tube » dans leur brûlots. Rendant leur musique brut plus accessible qu’on ne puisse le penser.

Prenez le single « Liar », entre riff post-hardcore tempo tendu, et paroles vindicatives (un petit écueil à l’égard de tous bipèdes aux comportements abusifs), le morceau bien que foncièrement punk hardcore, tient une énergie proche d’une pop song, qu’on pourrait par ailleurs comparer à l’Indie-Grunge-Noise de Gouge Away.

« We Will Live » et ses voix claires très maîtrisées, mais timidement utilisées avant un déferlement funeste de guitares lead dissonantes pourrait également marquer une future potentielle direction pour le son du groupe. Quelque part entre mélodie et rage viscérale.

Bien que très court et condensé, le message principal d’Athames semble clair : les sorcières, les queers, les weirdos, les mégenrées et autres misandres, sont prêtes à résister, s’organiser. Quitte à mettre à sang notre société patriarcale dans un dernier rite sacrificiel. Les yeux injectés de dagues, et le couteau entre les dents.

« Daggers out of my eyes ».