NoWhiteRag – RESILIENCE (2018)
Punk – Modena / Bologna
Rester enthousiaste sous un déluge de problèmes. Qu’ils soient d’ordre personnels, dûs à notre environnement, ou les deux. C’est le mot d’ordre des NoWhiteRag pour leur quatrième album. Un disque profondèment humain fait de joies, de peines, de rage et de fête. | Par Polka B.
Le dire, c’est bien. Le faire, c’est mieux. Qui mieux que NoWhiteRag peut légitimement revendiquer la Résilience dans son activité musicale et dans la vie de son groupe ? Active depuis 2003 autour de son chanteur Zanna, la formation n’a jamais laché l’affaire, prenant soin de brûler l’espace scénique de la plupart des squats européens de Bratislava à Amsterdam, de Vienne à Londres, de Leipzig jusqu’au Pays Basque.
Originaire de Modène, mais fortement lié à la scène Bologna Punx au gré des changement de line-up, NoWhiteRag a déjà traumatisé les sonos des amateurs de punk rock en 2008 (Nothing Left), 2012 (Silence is Violence) et 2014 (Daghdèinter). Généreux sur scène et engagé politiquement, le groupe excelle d’abord dans ses compos musicales, subtilement équilibrées entre hymnes révolutionnaires, moments d’accalmies, intermèdes festifs, ou simples bagarres musicales pleines de sueur . Le genre de groupe qui peut simultanément te faire réfléchir, t’inciter à chanter, à t’investir dans des causes qui te tiennent à cœur, à rejeter en bloc des convenances auxquelles tu ne crois plus, ou simplement t’inviter à partager quelques bières avec des potes au bar du coin. Digérer ce mélange de registres dans une cohérence musicale destinée à retranscrire nos émotions, c’est le pari de NoWhiteRag. Le groupe a bourlingué. Multiplié les rencontres. Collectionné les défaites et les victoires. Cela s’entend. Se ressent. Ce 4e album peut aussi être considéré comme une retranscription de 17 années d’expérience sur les routes. Un témoignage sincère, fort d’une maturité n’ayant jamais renoncé à ses rêves de jeunesse. Cette rage intense et pleine de fierté est incarnée par Zanna. En italien et en anglais, son chant porte idéalement les deux missions revendiquées par NoWhiteRag (ambivalentes, comme toujours) : transmettre au public un sentiment de révolte au sein d’une société en déroute… en s’amusant le plus possible ! Se regarder les yeux dans les yeux. Chanter à l’unisson. Vivre en communion, ne serait-ce même qu’un instant.
A la fois radical et nuancé, cet album concentre un cocktail d’émotions exacerbées, qui bien que contradictoires, nous rappellent ce qui nous maintient en vie. Un voyage musical alternant entre parties rapides et mid-tempo (« Come a Kobane », « Via Togliatti »), et morceaux plus mélodiques (« The Black List ») sous une fibre politique omniprésente (« Love and Rage »). Le disque s’achève sur le magnifique « It’s going to rain », balade punk poignante laissant place à quelques solos d’harmonica. Un morceau à la fois puissant et mélancolique particulièrement représentatif de l’univers du groupe. Pluvieux, sombre et tourmenté. Mais n’inspirant qu’à s’élever, en créant ensemble. Encore et encore.
Mention spéciale pour le coffret vinyle aussi qualitatif qu’abordable (poster A2, livret de 30 pages dessinés par l’illustrateur Stefano Artibani), réalisé avec plusieurs labels indépendants comprenant les français de Guerilla Vinyl et Keponteam Records !