NEVER BRUSH MY TEETH
Mystérieux, touche-à-tout et extrêmement prolifique, le dénommé « Never Brush My Teeth » semble avoir une phobie principale : celle de ne pas utiliser la moindre seconde de son temps pour créer quelque chose de ses mains. Spécialement pour Karton, l’illustrateur d’Athènes lève le voile sur son univers déglingué fait de masses gluantes, de cartoons fondus et d’explosions de bubble-gums. | Par : Polka B. / Trad : Polka B. & Nino Futur
Peux tu présenter ? Comment tu définirais tu en tant qu’artiste ?
Salut ! Je suis Mike (iel) et mon autre nom est Never Brush My Teeth.
Je me perçois comme une personne qui peint/dessine et aime les zines et tout ce qui touche à l’auto-édition. J’ai un grand intérêt pour les zines imprimés en risographe, à la fois pour en créer mais aussi pour rassembler et lire les publications d’autres personnes.
Je ne me considère en aucun cas comme un artiste. Comme je méprise la terminologie et les hiérarchies que le concept d’art peut créer, je me suis éloigné de tout ça !
Pourquoi avoir choisi ce pseudonyme ?
J’ai dû trouver un nom d’utilisateur lorsque j’ai ouvert mon premier compte Tumblr. Et à ce moment-là, celui-ci avait l’air amusant. De plus, je ne me brosse jamais les dents. (Peut-être)
Tes influences sont multiples. Tu sembles vraiment très imprégné de pop culture (comics, jeux-vidéos…).
Peux-tu nous parler ce que tu apprécies au niveau culturel ? Qu’est-ce que tu aimes écouter/voir/lire ?
Oui j’aime beaucoup les comics et les zines. Je suis très influencé et inspiré par ces lectures. Ce que j’apprécie dépend du moment ou de l’humeur, mais ce sont généralement des choses auxquelles je peux m’identifier à un certain moment dans ma vie.
J’aime le contenu qui a été créée avec tendresse et respect envers ceux qui interagissent avec lui. J’écoute beaucoup de ska, de folk, du punk et d’autres styles. Je lis des bandes dessinées et des fanzines qui explorent la complexité de l’existence et des relations. Le plus souvent, mon attention ira vers des choses que je trouve intéressantes et qui me sont encore inconnues.
Comment définirais tu le DIY ?
Comment as tu découvert cette culture ?
Hmmm je ne sais pas comment définir précisément le DIY. Pour être à la fois bref et abstrait, je pourrais dire qu’il s’agit de l’action (quand c’est possible) de créer des choses. D’en imaginer les possibilités dans vos propres termes, sans l’intervention ou les blocages des autres.
Découvrir l’existence des machines à risographe m’a énormément stimulé. C’était comme mettre la main sur l’outil ultime pour bricoler vos propres zines dans vos couleurs préférées.
D’une certaine manière, j’ai découvert cette culture en voulant traiter les choses que je crée avec une douceur spécifique, sans la notion sociétale habituelle de chagrin qui existe dans le monde de l’art traditionnel.
Bien que l’étymologie du do it yourself soit « vous-même », j’imagine généralement le bricolage comme une chose commune avec des gens qui pourraient apprécier les mêmes choses.
Par quoi as-tu commencé ? Comment as-tu fait évoluer ta pratique au fil des années ?
Je ne peux pas penser à un point de départ ou à un style spécifique. A un moment donné, je me suis procuré un carnet de croquis et j’ai commencé à le remplir de dessins expérimentaux. C’était un début pour essayer de capturer mon humeur sur papier.
J’aime toujours essayer de nouveaux matériaux ou de nouveaux supports en essayant constamment de changer de thème. Quand je me suis lancé dans l’impression de risographes, cela a pu influencer la façon dont je dessinais. Le traitement des fichiers pour l’impression multicolore nécessite généralement que chaque couleur différente soit superposée séparément. Quand je sais que j’imprime, je dessine donc différemment.
Tu sembles avoir une cadence de production très élevée. On dirait que tu aimes produire beaucoup, et tout le temps. Peux-tu nous parler de ce besoin ? Peut-on parler d’obsession ?
Je ne le perçois pas vraiment comme un besoin, plutôt comme une chose que j’apprécie et qui m’aide à naviguer dans mes pensées visuelles. Je m’engage généralement sur plusieurs dessins ou projets en simultané, de préférence pendant un petit laps de temps sur chacun.
Cela m’épuise rapidement de rester occupé sur un seul et même projet pendant trop longtemps.
Tu commences maintenant à construire des figurines en volume. Pourquoi avoir été attiré par la fabrication d’objets en 3D ? Le vois-tu dans la continuité du reste de ton travail ?
Oui, j’ai toujours trouvé la sculpture intéressante et amusante !
La fabrication de moules en silicone et de résine coulée est quelque chose que je n’ai commencé à explorer que très récemment. C’est tout nouveau pour moi.
La fabrication de jouets, c’est un tout nouveau monde. Vous pouvez faire vos propres répliques de sculptures et les peindre en transformant n’importe quel dessin en trois dimensions.
Faire un simple moulage de résine sans utiliser d’équipement adapté (comme un pot sous pression) peut vraiment limiter votre capacité à imaginer vos propres courbes. La forme interne du moule doit être prise en compte lors de la fabrication de la sculpture, car des bords contrastés et des « plafonds » raides dans le moule peuvent piéger les bulles d’air de la résine.
Ces poches d’airs peuvent créer des trous ou des pièces manquantes dans le moule après durcissement de la résine. Il faut absolument éviter cela, et c’est un vrai casse-tête.
Il s’agit avant tout de créer des formes qui aideront la résine à flotter doucement à la surface, faisant ainsi apparaître toutes les bulles d’air. Je trouve ce calcul très amusant et intéressant ! Je ne vois pas cela comme un renouvellement de ma pratique, plutôt comme un intérêt parallèle à mes autres activités !
Tu créée aussi beaucoup de livres et de fanzines. Quels sont tes différents projets en cours ?
Actuellement je travaille sur un nouveau riso-zine appelé ‘’EXOSKELETON SOFT’’.
Il s’agira principalement d’illustrations et probablement de collages de photos avec des combos de dessins.
C’est aussi l’occasion de tester de nouvelles couleurs riso et des encres fluorescentes et duotones.
Tu habites à Athènes, une ville très particulière, qui ne dort jamais, peuplée et très active, constamment en mouvement.
Cette atmosphère influence t’elle ta façon de créer ?
Je ne dirais pas ça, Athènes me détruit et vide toute mon inspiration, c’est une ville horrible infestée de croyances violentes à tous les niveaux. Elle s’endort aussi assez tôt (en fonction de vos horaires de sommeil) car généralement, la plupart des gens se lèvent tôt pour commencer une nouvelle journée de maltraitance.
Comment vois tu la scène artistique DIY en Grèce ?
Elle a été très active ces derniers temps ! C’est tellement cool que tant de gens créent leurs propres zines/prints/autocollants/musique/supports interactifs, etc.
Ce qui est plus rare et qui manque beaucoup à mon avis, ce sont les espaces accessibles et sûrs, tant au niveau personnel que communautaire.
Les mauvaises vibes du statu quo grec sont incroyablement traumatisantes et dommageables. À mon grand regret, on observe qu’elles infiltrent aussi la communauté de la scène DIY et c’est très pénible.
Quels sont tes objectifs dans le futur ?
Espérons de nouveaux zines, des collaborations de risographies avec d’autres personnes, des répliques et des expérimentations de sculptures, des moules et des jouets avec de nouvelles techniques 😀
Quelle morceau de musique représenterait le plus ton état d’esprit en tant que « Never Brush my Teeth » ?
Héhé, je ne sais pas s’ils décriraient mon esprit, mais il y a quelques chansons dont j’aime vraiment les paroles. Je ne sais pas si leurs créateurs voudraient être référencés dans un magazine papier, alors je vais sauter l’écriture de leurs noms. Mais il y a beaucoup de paroles de chansons « folk punk » qui sont très belles et intéressantes !
Merci !
Merci à vous pour l’invitation !