CUIR
Converse aux pieds, cannette à la main, perf’ patché, j’débarque sur le terrain. Les poches remplies de weed, les narines pleines de speed.» Rien de plus efficace comme entrée en matière que les paroles d’un « Mode Branleur » afin d’en venir à l’essentiel de Cuir.
CUIR, c’est avant tout cette cagoule rose, ce regard austère, et toutes les marques de perdition et de débauche qu’elle laisse à cacher. Et sous la cagoule, c’est Doug, grand hyperactif, acteur de la scène punk bretonne depuis déjà de nombreuses années (Sordid Ship, Coupe Gorge…). Cuir c’est aussi du synthétiseur et pas n’importe lequel, le plus entêtant et cheap que l’on puisse concevoir sur le marché ! Une poignée d’EP, deux albums au compteur dont un paru cette année, décryptons un peu mieux ce Doug. Pas si « mode branleur » qu’il ne le laisse paraître !
| Par Nino Futur
Seul aux manettes à bord de la station Cuir depuis 2018, Doug voit ce projet comme un bol d’air, un échappatoire, enfin « libre d’aller au bout des choses, sans demander l’avis de quelqu’un concernant l’artistique ». Des textes 100% personnels pour un projet éminemment punx.
Tout ce délire solo est parti d’un concert : celui du groupe punk australien Ausmuteants dans un bar de Lorient. Un groupe connu pour ses apports dit « Synth », à base de synthétiseurs old-school et cheaps. Pour Doug c’est le déclic.
Le synthétiseur a donc largement sa place dans le punk sans pour autant déborder dans ses travers Post-punk et New wave pour hipsters. C’est sur ce postulat que se lancera Cuir. A l’opposé du Capitaine Krabs et sa recette du pâté, Doug ne se cache pas de révéler sa formule secrète :
« La plupart du temps je trouve les riffs principaux des morceaux à la guitare et ensuite la bonne lead mélodique que je transpose au synthé. Et une fois que j’ai le lead synthé d’un refrain efficace, j’en rajoute dans les couplets pour harmoniser l’ensemble et PAF, ça donne du Cuir ! ».
Cuir c’est aussi cette cagoule rose fluo menaçante, vestige SM, qui permet à Doug, pourtant habitué a performer à visage découvert « de pouvoir dire plus de choses et d’être plus vrai », sous l’anonymat de Cuir et sa cagoule (qui s’avère être un vrai calvaire à porter sur scène), tout semble permis pour cracher à pleins poumons sa haine adolescente encore mal digérée, ses pulsions destructrices mais surtout autodestructrices.
La fête glauque, la turbo chire-dé, voilà un thème constant sur chaque sortie discographique : entre des « Shlag », « Prenons de la Drogue » ou encore « Overdose Chaos » , Doug affirme sans broncher qu’il ne fait que compter l’orageuse fable de ses week-ends :
« Plus de la moitié de ma vie à répéter le même schéma donc c’est normal que je « tourne en rond » sur le sujet album après album ».
Après une première demo en 2019 aussi sobrement que possible appelée DEMO DEMO DEMO particulièrement bien reçue par les hautes instances du bon goût D.I.Y, Cuir a continué à poursuivre son bonhomme de chemin, proposant cette même recette gagnante, enrichie de comparses de route pour jouer les morceaux en live, enchaînant les sorties d’albums et autres EPs (ALBUM en 2021 et EP en 2022) jusqu’à notre ère moderne de 2024 et la sortie ALBUM ALBUM sur le label punk Franc-comtois Offside Records !
Presque déjà épuisé, l’album a permis de faire grossir le projet et même de partir tourner à l’international pour une virée tumultueuse et conquérante. Entre cassage de vitres, tentative de carjacking du van et oubli de cagoules sur la route… la tournée s’est avérée une mission rondement menée : «on a connu un très bon accueil à l’international, franchement que du positif, on arrive à chopper les gens en live même s’ils ne connaissent pas le groupe où ne comprennent pas les paroles. »
Déjà sur un projet de mixtape mais également sur la création de son studio pour plus d’indépendance, Doug bats le Cuir tant qu’il est encore chaud !
Affamé de route, tout aussi bien pour jouer en terre punk que skin, ou du côté des egg-punks et autres weirdos, si Doug n’est pas en mission pour le rock, c’est qu’il s’est encore perdu au « 9m2 ».
Un autre nom donné à sa cave transformée en bar clandestin. C’est là que toute l’essence et l’inspiration de Cuir y est puisée. C’est ici qu’on y refait le monde, du moins le Morbihan et c’est probablement ici même « toi et ta clique ne tiendrez pas la marée ».
Au final Doug est comme vous et moi. Un brave hédoniste déter, chaotique et autodestructeur qui ne demande qu’une chose fondamentale :